Discours de Marie-Annick Barthe à la Convention : "Nos ambitions pour l'Europe"
(Réunion de La Convention du 10/03/2024 : "Nos ambitions pour l'Europe")
Nous nous réunissons
aujourd’hui mes chers amis dans la salle si bien nommée Olympe
de Gouge quelques
jours après l’inscription de l’IVG dans la Constitution et deux
jours après la journée internationale des droits des femmes.
Nous
le faisons aujourd’hui pour
afficher « nos ambitions pour l’Europe ».
Alors
permettez, chers amis, que ce soit une femme qui vous appelle à à
un sursaut :
l’Ukraine se bat en première ligne face à la dictature de
Vladimir Poutine et nous regardons trop souvent ailleurs.
Les élargissements de l’UE sont d’ordinaire une affaire de transposition tatillonne de normes juridiques relatives au marché unique, à l’union monétaire, au droit de la concurrence et autres.
Pour les Ukrainiens, cela se passe différemment.
Les
Ukrainiens sont le premier peuple à être devenu « pays
candidat » de l’UE en payant le prix du sang
depuis les « événements »
de la place Maïdan à Kiev, en 2014, quand une partie de sa
population s’est soulevé pour dire sa préférence d’un accord
avec l’UE plutôt que d’intégrer l’Union économique
eurasienne vers laquelle la poussait la Russie. Car oui, les accords
commerciaux de l’UE ont une dimension géopolitique.
Les Ukrainiens défendent aujourd’hui la frontière Est de l’Europe mais aussi la démocratie et l’État de droit après avoir été agressés par la Russie.
L’UE a toujours été à la recherche de ses vraies frontières au fil de ses élargissements successifs. Sur l’Est, on ne savait trop où la situer. Aux Etats-Unis, ils ont fait la conquête de l’Ouest, en Europe, cela a été la conquête de l’Est.
Aujourd’hui,
cette vraie frontière – civilisationnelle – s’impose comme une
évidence en raison de la puissante
aspiration européenne de l’Ukraine,
parce que ce pays a fait le choix de nos
valeurs et parce
qu’il existe un droit
légitime des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Si
l’Ukraine n’est pas plus une ligne rouge que l’Ossétie du Sud
et l’Abkahzie en Géorgie, pas plus une ligne rouge que la Crimée
en 2014, pas plus une ligne rouge que la Transnitrie en Moldavie ,
alors ou sera notre ligne rouge quand Poutine attaquera les pays
baltes et la Pologne au nom de la poche de Kaliningrad ? Et quel
sera notre ligne rouge quand l’UE aura éclaté sous ses agressions
à la grande satisfaction de Le Pen et de Mélenchon ?
Ce
sursaut qu’il nous faut avoir, le CSDR et Pollen y ont appelé dans
un papier que nous avons cosigné avec Gilles Savary, notre président
d’honneur, et Denis Soubeyran, le président de Pollen. Il est
sorti il y a deux mois dans la Tribune. Il s’intitulait « L’enjeu
central des européennes : relever le défi posé par la
guerre ! »
Le
CSDR n’avance pas masqué.
Disons les choses,
l’engagement européen
c’est une des raisons qui nous avait conduit à soutenir Emmanuel
Macron en 2017, puis à nouveau, en 2022, pour nous opposer à la
vague nationaliste en Europe incarnée en France par l’extrême
droite de Marine Le Pen.
Savoir
quelles sont aujourd’hui nos
bornes politiques infranchissables
sur notre droite et sur notre gauche nous
est dicté par le conflit ukrainien.
Le porte parole de Vladimir Poutine ne s’y est pas trompé en
reprenant, pour répondre aux propos d’Emmanuel Macron sur l’envoi
de troupes, les critiques proférées par Jordan Bardella et Manuel
Bompard.
L’Europe
s’est construite à travers les crises.
Celle-ci est existentielle.
Vladimir Poutine ne cache pas qu’elle s’inscrit dans une croisade
globale contre l’Occident et les valeurs de nos démocraties, Union
européenne en tête ! La
Russie reste un Empire avec des visées impérialistes.
Cette guerre peut tourner au cauchemar pour les européens si le
soutien des États-Unis n’est plus assuré après les
présidentielles de novembre 2024.
L’UE a su jusqu’à présent réagir et se mobiliser.
L’Europe
protège, l’Europe agit :
soutien financier à l’Ukraine, envoi d’armes, mesures de
rétorsion commerciales.
Nous devons expliquer ce bilan, nous devons amplifier son action.
Pour montrer nos différences de fond avec tous ceux qui veulent détricoter l’Europe.
Et
pour nous projeter dans l’avenir parce que seule
l’Europe a la masse critique pour répondre aux défis de notre
temps, aux crises,
aux menaces et aux agressions.
Le Collectif des sociaux-démocrates réformateurs s’engagera dans ce cette démarche pour les Européennes !