Véronique Revoy : "Élections européennes : le risque de l’indifférence"

Fin 2023, la COP 28 s’est achevé sur le sentiment que notre défi planétaire face au réchauffement climatique est plus que jamais présent. En ce début 2024, les élections européennes qui se profilent sont aussi un défi tout aussi impérieux pour nous Européens sur l’avenir de paix sur notre continent.

Faisons le bilan : les générations avant nous ont vécu 2 guerres mondiales en moins de 25 ans. Saignées et meurtries, elles se sont ensuite résolument engagées dans la construction d’un espace de paix en commençant par les questions de l’énergie d’alors, le charbon.

C’est une voie qui nous a conduit à plus de 80 ans de paix pour l’Europe occidentale. C’est aujourd’hui une évidence que 27 peuples construisent par le Parlement européen une législation commune. Mais regardons un peu en arrière, avancer à 27 ne va pas de soi. Et soyons lucides sur le défi du moment pour les Européens de 2024: notre socle de paix commun est aujourd’hui menacé.

Il est menacé de l’extérieur par Vladimir Putin qui vise un effondrement de l’Europe occidentale. C’est pour cela que nous devons au quotidien soutenir l’Ukraine.

Mais ce socle de paix est aussi et surtout menacé de l’intérieur, par des populismes de tous bord qui font son jeu, et ont désormais le dessein clair, non pas de quitter l’Europe - le Brexit est passé par là - mais de détricoter l’Europe de l’intérieur. C’est pour cela que le scrutin de juin 2024 est si important et ne doit pas laisser indifférent, surtout pas les plus jeunes.

L’enjeu des élections européennes de juin 2024 est plus que jamais celui du risque qui pèse sur la paix. Auquel s’ajoutent le risque sur la poursuite du combat contre le dérèglement climatique, et la menace de la fin des solidarités entre européens.

C’est une des faiblesses de l’UE, elle rend notre quotidien meilleur, et pourtant, nous ne la voyons pas. Mais elle est bien présente en complément de l’action publique nationale et dans l’instauration de droits communs. Au niveau local, elle permet la mobilité de nos transports du quotidien et notamment nous protège en cas d’annulation ou de retards significatifs. Elle est dans la rénovation de quartiers et dans le maintien de l’action de terrain d’associations pour la protection des plus précaires. Elle sécurise nos routes avec des travaux d’amélioration là où il y a encore trop d’accidents. Elle nous donne un cadre qui permet de circuler librement et de vivre dans un espace commun à 27 pays. Elle fait que des zones reculées sont raccordées à la fibre optique. Elle finance la transition vers des modes de production plus durables et elle lutte contre la pollution en imposant des règles uniformes sur les rejets dans l’atmosphère. Elle protège notre patrimoine avec le droit des Appellations d’Origine Protégées qui renforcent les AOC, et notre vie privée par la législation RGPD. Elle nous permet à tous en un temps record d’avoir accès grâce à la recherche à des vaccins pour faire face ensemble à une pandémie. Elle soutient résolument depuis plus de 75 ans une prospérité qui bien que imparfaite, n’a jamais été égalée.

La mandature du Parlement européen qui s’achève a apporté des avancées incroyables qui assurent notre avenir. Les bases d’une transition écologique juste et équitables ont été mises en place avec le « Pacte Vert» pour atteindre des objectifs essentiels en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.

Même si il reste beaucoup à faire, les Européens de notre génération ont grandi en paix, avec un système de solidarité sociale qui bien que imparfait, a apporté un bien-être très largement partagé. Si nous voulons transmettre ce bien commun construit par les générations précédentes aux générations futures, il nous faut avant tout le préserver. Nous devons arrêter l’indifférence et en tant que CSDR être acteur de la campagne en France et nous exprimer par le vote le 9 juin contre ceux qui menacent la paix et l’avenir de l’Union Européenne.

Nous appelons nos concitoyens de toutes générations à s’engager dans la campagne pour faire rempart à ceux qui veulent détricoter l’Europe, de l’extérieur, comme de l’intérieur. Soutenons la poursuite du projet européen tel qu’il a été souhaité par ses fondateurs. Nous sommes maintenant dans le temps de la « guerre chaude » à moins de 3 heures de Paris. Il est temps de réagir.